Quelques explications:
Un individu développe sa valeur personnelle au sein de sa famille d’origine. Apprendre à avoir conscience de soi et de l’autre ainsi que du contexte dans lequel on a été éduqué, est un processus de développement d’un type de communication adapté.
Si l’estime de soi n’est pas assez forte, apparaît un sentiment d’exclusion qui accroît l’anxiété, le manque d’assurance, la dépendance, et peut favoriser des modes de communication inappropriés comme les comportements violents ou les conduites addictives.
D’autre part, des événements comme la naissance d’un enfant, la perte d’un membre de la famille, l’adolescence ou le départ d’un jeune peuvent provoquer une situation de crise dans une famille. Face à ce nouveau contexte, un membre de la famille va développer un comportement symptomatique et deviendra ainsi le patient « désigné ».
La Thérapie Systémique, axée sur la crise, va permettre de travailler avec les familles sur « l’ici et maintenant ». Elle vise à reconnaître, évaluer et modifier les anciens schémas de fonctionnement pour faire émerger de nouvelles possibilités. Les séances se déroulent sur une période assez courte, avec un minimum de cinq séances, espacées de trois à quatre semaines.
Lors des consultations, la famille et le thérapeute travaillent ensemble, à la prise de conscience par chacun des membres de la famille, de sa propre histoire, de son parcours personnel afin de favoriser l’autonomisation de chacun et de lui redonner sa place. De ce fait, l’angoisse génératrice des troubles du comportement diminue ce qui va permettre l’émergence de nouveaux processus de réalisation pour chaque membre de la famille. Les relations deviennent alors de plus en plus satisfaisantes et le système peut retrouver un nouvel équilibre.
Les principes de base en thérapie systémique
– la famille fonctionne comme un système ouvert en état d’équilibre et son fonctionnement vise à maintenir cet état d’Homéostasie.
– l’équilibre est une tendance naturelle des organismes vivants à travers un état en interaction avec des environnements changeants et des frontières perméables.
– un symptôme est une tentative de protection d’un ensemble familial qui ne peut supporter le changement (souffrance, départ, deuil…) : comportement violent, conduites addictives …
– « la différenciation du soi » (qui permet l’autonomisation) d’un individu par rapport à sa famille d’origine, varie avec le degré d’anxiété ressentie dans le contexte familial
– le patient désigné porte le symptôme du dysfonctionnement familial.
Dans l’exemple des addictions, qui concernent les pathologies du lien entre le « trop et le trop peu, le système familial est soit surprotecteur soit au contraire dans le schéma « séparation/perte des parents ». Ces familles présenteraient un faible niveau de « différenciation du soi » et un haut niveau d’angoisse. A l’extérieur de la famille, le patient addict reproduit ce mode de fonctionnement dans les relations sociales, notamment, avec les groupes de pairs. L’expérience du projet « INCANT » mis en place par le Dr Olivier PHAN et son équipe, montre l’efficacité de l’approche familiale multidimensionnelle chez les jeunes consommateurs de cannabis, qui tient compte à la fois de l’adolescent, des parents, de la dynamique familiale et de la sphère extrafamiliale.
De même, l’Approche Systémique et Familiale améliore significativement la prise en charge des troubles alimentaires chez les adolescents. Elle permet aussi, aux adultesayant des comportements alimentaires inappropriés, de mieux comprendre leur fonctionnement face à la nourriture.
Nicole IRIARTE
Références bibliographiques :
– CASSEN M. DELILE J-M. Thérapies multifamiliales et addictions. Psychotropes. 2007. 314, Vol 13. p.229 à 249
– PHAN O. BONNAIRE C. BASTARD N. JOUANNE C. Projet INCANT. Psychotropes. 2008. 3-4, Vol 14. p. 137 à 156
– Site internet : www.incant.eu